Bienvenue

Publié le par Le loup bleu

Lorsque j’avais 14 ou 15 ans, je dépensais la majeure partie de mes deux cents francs mensuels pour m’acheter des Compacts Discs.  C’était il y a plus de vingt ans et à l’époque, cela semblait être une activité cool, quelque chose que mes parents n’avaient jamais fait avant moi et qui me donnait un sentiment de liberté et même plus, une forme d’identité.

Avec le recul, je peux dire que j’y ai perdu pas mal de fric. Non pas que je regrette d’avoir acheté autant de CD, s’ils étaient tous au niveau de Brother in Arms de Dire Straits ou So de Peter Gabriel, je me sentirais bien plus riche aujourd’hui, mais parce que j’en ai surtout acheté une quantité de très mauvais où un seul tube tirait les ventes de l’album, sans qu’aucun des pros qui décidaient de sa destinée ne se soit dit : tiens, si on faisait aussi bien avec les onze autres titres ! Je suis de ceux qui croient que le téléchargement a fait plonger l’industrie du disque non pas à cause du pillage mais parce que tout le monde a pu massivement écouter avant d’acheter. Et ça a fait toute la différence. Le choix. Un avis sûr et objectif.

Il y a un autre domaine de l’art qui voit apparaitre sur ses côtes des adversaires aussi féroces que les Espagnols venus saisir les splendeurs dorées de l’Amérique du Sud au XIVème  siècle. Et nul doute que son destin ressemblera à celui des peuples Mayas, emmenés par de vieux prêtres arrogants enfermés en haut de leur pyramide, puissants, dominateurs mais décimés par un virus contre lequel ils ne savaient pas lutter ; variole,  web 2.0, même combat.

Les jeunes consomment de moins en moins de livres et ceux qui les achètent ne les lisent plus. La littérature devient une zone stérile ressemblant à ce qui reste quand la mer s’est retirée d’une zone inondable, un objet inanimé posé sur une table de salle à  manger, un sujet de discussion, mais de moins en moins la découverte d’une couleur inconnue, un uppercut qui vous coupe la respiration, un hurlement qui vous empêche de dormir, plus de joies, de peurs, de larmes. De petits livres de lettres modernes aussi délicieux qu’une tisane.

La littérature doit se réveiller et descendre dans la rue, comme la musique, comme la peinture, la sculpture, comme le cinéma, elle doit sortir du service de gériatrie et redevenir un combustible pour les dictatures. Il faut donner le goût des livres, et ça passe par une main tendue, un chemin tracé sur les quelques merveilles qui enchantent le monde et disent la vérité.

Alors on y va.

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